Bureau
d’accueil sur le thème marin
ou Table
permettant l’accueil de douze convives
Titre :
TAVOLA
Dimensions :
Larg. 1,20 X 2,20 X hauteur variable (petits vérins) de 0,73 à
0, 76 m.
Matières :
Bois de tilleul, pigments, feuilles d’or, petits vérins
métalliques,
plateau de verre (15 mm. d'épais.)
Commentaire :
Cette sculpture voudrait être la conjugaison de deux lectures.
L’une est réaliste, car on peut en effet décrypter
l’organisation d’un filet de pêche dans ses moindres détails,
sur des piquets ou espars (tels qu’on peut en voir aux alentours
des parcs à huîtres). L’autre lecture, d’une façon plus
conceptuelle, joue sur la transparence, le mouvement et le
lyrisme, dans le choix de la construction et de la composition.
Les couleurs rendent plus prégnantes les renvois de ces
différentes lectures, avec l’aspect festif qu’elles déclinent.
En
regard du plateau de verre, la transparence s’exprime dans le
pied central, qui se découpe dans de nombreuses perces, et donne
à voir l’intérieur de son volume. La surface du verre, supportée
d’une manière conséquente mais subtile par de nombreux petits
vérins, s’apparente à la surface de l’eau, et s’anime par la
sculpture du pied. Le mouvement est généré, d’une part, par le
choix du filet, qui permet une animation de surface créant en
quelque sorte un espace vibratoire. D’autre part, ce même
mouvement est aussi généré par le faisceau des piquets,
positionnés d’une façon aléatoire. Ces mêmes piquets sont nés de
la nécessité d’opposer des droites verticales, pour charpenter
et donner de la nervosité à la construction horizontale, qui est
en progression d’ellipses. L’œil construit les unes en référence
aux points hauts de la masse capable d’origine. Les autres sont
mieux définies : celle du périmètre du plateau, et celle de la
corde à plombs de la base, plus trapue, conçue géométriquement
pour le moindre encombrement et la meilleure stabilité de la
pièce. Pour que s’élabore cette opposition, comment peut-on
décrire des droites verticales, sinon abstraitement ? Une arête
en pierre de taille, dressée au fil à plomb, me convainc moins
que ces piquets plantés par les ostréiculteurs, en référence au
plan d’eau. Sous l’action du temps et des éléments, ils
s’inclinent, s’érodent en forme de queue de billard, forment un
ballet, dansant sur la houle. Ils restent, dans leur
environnement, les référents emblématiques du vertical. Sur le
filet s’inscrit un récit, au travers des chemins empruntés par
les différents cordages. Ils relient les flotteurs colorés ou
dorés, donnant l’aspect festif à cet ensemble.
Nous
vivons , à mon sens, une époque baroque et je pense, au travers
de cette pièce, l’avoir dit précisément.
Nota : Cette
pièce sert actuellement de bureau d’accueil au musée de la
Fondation Soulac-Médoc. Elle peut changer de destination pour
être vendue. Il pourrait se concevoir fauteuils et chaises, tous
différenciés pour faire un ensemble incomparable. Cet ensemble
pourrait tout aussi bien prendre place au sein d’un yacht.
Pierre Kauffmann
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