Projet d’une sculpture
monumentale, modulable, donnant lieu à la déambulation.
Le thème en est le vin, son
environnement.
Avant propos
Dernièrement, une personne de ma connaissance me proposait des
ceps de vignes récemment arrachés. Dans un premier temps je
déclinai l’offre, pour avoir en référence, toute la panoplie
kitsch, dérivée de cette matière première.
On me
fit la remarque que ces ceps avaient un âge canonique, 47 ans,
qu’ils atteignaient une hauteur de 1,50 mètre, qu’ils
provenaient de Lesparre Médoc.
Aussi
me ravisant, j’en achetai un mètre cube et demi, afin de relever
le défi et ne pas voir cette denrée devenir de la braise pour
grillades.
Il n’y
a pas de hasard ! Cette situation forcerait, par le biais de la
méditation, le ressort de la créativité.
Introduction au projet
Ces
ceps sont désormais hors de terre. Après avoir rempli leurs
missions, vectrices d’enchantements, de convivialités, autour de
nombreuses tables ; ils recèlent néanmoins, le condensé fertile
d’une deuxième vie.
Désormais, seul l’artiste est habilité, par sa médiation, à
leurs prodiguer les soins, le respect, comme ont su le faire les
viticulteurs, en harmonie avec les éléments, en accompagnant
leur nature.
Esquisse du projet
Je me propose dans un temps différé, d’une part de modéliser le
projet dans une sculpture (intitulée Transposition), qui
mettrait en scène l’un de ces vétérans. D’autre part, de
surdimensionner la chose pour atteindre sa vraie grandeur
(restant à définir) qui consisterait dans son principe :
Par un
plancher en surélévation (ou socle noir mat, de 25 cm. de haut),
percé de prismes inversés, habillés de miroirs, fermés sur le
plan horizontal d'une matière transparente (plexiglas ou verre).
Depuis
le centre de ces prismes, de fines tiges en inox poli,
supporteront ces vénérables ceps dans l’espace.
Il
seront en sustentation, comme flottant, brassant l’air de leurs
racines tourmentées.
Dans
les hauts se tisseront à l’instar des fils de fer des rangs de
vigne, des fils nylon assez épais (reliant la transparence de
certaines parties du socle, miroirs et tiges inox) cela, non
pour traiter la chose d’une manière trop naturaliste, mais
plutôt pour des raisons techniques, il donneront en outre une
lecture de l’horizontal et découperont géométriquement l’espace.
A
cette étape le sculpteur fera appel à toute sa technique et son
lyrisme, pour greffer du bois neuf, ficher, branchages ou
feuillages et autres fruits savants nés de son imaginaire ;
avec, de par une étude poussée des volatiles, la mise en scène
de différents passereaux, qui relieraient avec le ciel et
décriraient l’espace.
Je
verrais ces oiseaux tantôt intégrant les parties rapportées,
tantôt discrètement isolés, retenus sur les fils nylon.
Je les
verrais aussi ,argentés dans les parties basses, (pour se fondre
avec le brillant des tiges inox et celui des miroirs). Dans les
hauts, je les verrais plutôt dorés à la détrempe, (par leurs
attitudes, ils contribueront au mouvement général). Dans les
parties intermédiaires, une déclinaison de couleurs, parfois
vives, laissera tout de même une large part au bois neuf de
tonalité claire (en opposition au sombre des ceps), animé
toutefois de larges coups d’outils.
Sur le
socle noir mat se découperont des petits éléments sculptés dans
du marbre blanc, illustrant les arômes du vin ( bouquet de
noisettes, champignons, fruits secs, etc.…)
Commentaire
Cette sculpture se situerait à la croisée du
collage,
montage, de l’installation,
et des rites d’une sculpture plus traditionnelle, voire
maniériste.
De par
sa conception, ses différentes matières, je la vois traverser
les temps, pour se lire en point d’orgue au présent, dans la
géographie, ou tout au moins en la relatant au plus près dans sa
vérité. Sa dimension gagnerait à frôler le gigantesque,
toutefois, en étant construite de petits modules, elle
permettrait de se montrer, de se monter, dans la respiration de
différents lieux, grands ou petits et dans sa générosité malgré
des éléments en moins.
Ce
projet a pour prétention de livrer beaucoup de sensualité, de
recouper l’aventure humaine et civilisationnelle, dans cette
révérence à ce qui nous est donné.
Pierre Kauffmann